Recherche sur les comportements humains

1er sujet : Comportement sexuel


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Sexualité humaine

Il est généralement admis que les comportements fondamentaux qui permettent la survie de l'individu et de l'espèce (sexualité, allaitement, attachement, socialisation…) dépendent d'un « instinct », c'est-à-dire de gènes qui contrôlent le développement de circuits spécialisés préprogrammés, qui eux-mêmes permettent l'exécution sans apprentissages des comportements vitaux. Ce concept d' « instinct » est central en éthologie, en particulier depuis les travaux de Konrad Lorenz et Niko Tinbergen (1951).

En sexologie, depuis Krafft-Ebing (1886) et jusqu'à nos jours, le concept d' « instinct sexuel » est utilisé dans l'espèce humaine pour expliquer la réalisation du rapport sexuel, qui permet d'assurer la perpétuation de l'espèce (Courtois et Bonierbale, 2016:31,48).

Mais les connaissances récentes en neurosciences suggèrent que la plupart des comportements ne sont pas innés. Apparemment, ce qui est préorganisé ou préprogrammé dans le système nerveux sont des structures élémentaires (régulation hormonale, système pileux « social », circuits olfactifs, réflexes copulatoires...), qui orientent les apprentissages vers des comportements relativement adaptés, tant aux fonctions biologiques qu'à l'environnement.

Ce dossier thématique présente, pour les principaux thèmes de la sexualité, les données neurobiologiques récentes qui pourraient améliorer, voire modifier, la compréhension actuelle de la sexualité humaine.

Evolution du comportement sexuel

D'abord, les études neurobiologiques ont montré que le comportement sexuel des mammifères est spécifiquement organisé pour la copulation hétérosexuelle, c'est-à-dire pour la reproduction. Mais cette copulation hétérosexuelle est progressivement désorganisée à partir des simiens (les singes), et elle évolue chez les hominidés vers un comportement de type érotique, qui ne serait pas instinctuel mais essentiellement appris. Chez l'être humain, ce comportement sexuel est quasiment dissocié de la reproduction (voir Wunsch S. Phylogénèse de la sexualité des mammifères. Analyse de l'évolution des facteurs proximaux. Sexologies, 26(1), 2017).

Orientation sexuelle ou Préférences sexuelles ?

Concernant l'orientation sexuelle, il semblerait que les processus biologiques spécifiquement organisés pour l'orientation soient les structures olfactives qui détectent les phéromones sexuelles. Mais ces processus sont altérés chez les hominidés, et chez l'être humain les processus d'orientation ne seraient quasiment plus fonctionnels. Il existerait plutôt différents types d'apprentissages à l'origine du développement de préférences sexuelles (voir Wunsch S. Orientation sexuelle ou préférences sexuelles ? Sexologies, 26(1), 2017).

Le développement de la sexualité

Le développement des activités autoérotiques, et en particulier de la masturbation, pourrait être un bon exemple de la dynamique comportementale spécifique à l'être humain : la recherche des stimulations hédoniques et érotiques du corps, qui n'est quasiment plus influencé par l'orientation, les hormones ou les phéromones (voir Wunsch S. Le développement des activités auto-érotiques. Une analyse transdisciplinaire et transculturelle. Sexologies, 26(1), 2017). Voir également : Wunsch S. Principaux facteurs, contextes et variations du développement sexuel humain. Une synthèse transculturelle et transdisciplinaire. 1er partie: données ethnologiques. Sexologies, 25(2):41-51, 2016 ; et Wunsch S. Principaux facteurs, contextes et variations du développement sexuel humain. Une synthèse transculturelle et transdisciplinaire. 2e partie: modélisation. Sexologies, 25(4):141-152, 2016

L'influence majeure de la cognition et de la culture

Une autre caractéristique majeure de la sexualité humaine, qui commence seulement à être comprise, est que les activités érotiques humaines, ainsi que les représentations culturelles de la sexualité, sont apparemment très influencées et structurées par la cognition (voir Wunsch S. L'influence majeure de la cognition sur la sexualité. Sexologies, 26(1), 2017).

L'étiologie des troubles de la sexualité

Toutes ces données neuroscientifiques auraient des implications sociales, éducatives et cliniques significatives.

Concernant les pratiques sexologiques, ces dernières ne devraient plus être uniquement basées sur les faits cliniques ou les résultats d'enquêtes, mais prendre davantage en compte la construction sociale complexe de la sexualité. En effet, il semblerait que de nombreux troubles, surtout au niveau affectif et comportemental, dépendent d'interactions complexes entre les facteurs biologiques sexuels, les pratiques culturelles, et les représentations éducatives et médicales (voir Wunsch S. Etiologie des troubles sexuels : perspectives cliniques des données neurobiologiques. Sexologies, 26(1), 2017).

L'éducation à la sexualité

Enfin, comme il semblerait que l'essentiel de la sexualité humaine serait appris, l'éducation à la sexualité apparaît comme indispensable (voir Wunsch S. L'éducation à la sexualité : perspectives des données neurobiologiques. Sexologies, 26(1), 2017).

La prépondérence de l'érotisme et surtout de la culture

Toutes ces données neurobiologiques pourraient ainsi expliquer les conclusions des théories de l'apprentissage (par conditionnements classique ou opérant, social...) et des théories sociologiques, qui donnent une nette prééminence aux facteurs culturels sur les facteurs biologiques (voir Bandura, 1969 ; Gagnon et Simon, 1973 ; Reiss, 1986).

C'est-à-dire, plus précisément, que ces données provenant des sciences humaines confirment l'évolution du comportement sexuel des hominidés : les facteurs hormonaux, phéromonaux et réflexes sont devenus plus secondaires, tandis que les facteurs des récompenses et cognitifs sont devenus prépondérants (voir Wunsch S. Phylogénèse de la sexualité des mammifères. Analyse de l'évolution des facteurs proximaux. Sexologies, 26(1), 2017).

La sexualité humaine est devenue érotique, et, surtout, culturelle.





Psychologie biologique

Dossier "Sexualité et neurosciences". Les apports de la psychologie biologique à la sexologie : phylogenèse, développement, orientation, cognition et culture, perspectives cliniques et éducatives.

Ce dossier à été publié dans la revue européenne de sexologie : Sexologies, 26(1), 2017

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Sexualité Humaine

Evolution

Wunsch S. Phylogénèse de la sexualité des mammifères. Analyse de l'évolution des facteurs proximaux. Sexologies, 26(1), 2017 [PDF]
Keywords: Phylogenèse, Comportement sexuel, Copulation, Renforcement, Phéromones, Hormones sexuelles, Humains.
L'objectif de cet article est d'identifier précisément les facteurs à l'origine de l'évolution de la sexualité humaine. Les analyses présentées concernent principalement l'évolution des facteurs, proximaux, qui contrôlent la copulation hétérosexuelle prototypique des mammifères. Les données ont été recueillies à partir d'une revue de la littérature qui concerne l'évolution des facteurs neurobiologiques du comportement sexuel mammalien. Plusieurs études, en biologie, en génétique et en neurosciences, ont mis en évidence que certains de ces facteurs sont modifiés ou altérés au cours de l'évolution. Chez les primates, les circuits olfactifs sont altérés, les activités sexuelles se dissocient des cycles hormonaux (la reproduction et le comportement sexuel deviennent indépendants), le réflexe copulatoire de la lordose n'est plus fonctionnel, et le développement du cortex est majeur chez l'être humain. Pour ces raisons, l'analyse des données disponibles suggère que : (1) la dynamique du comportement sexuel a significativement évolué à partir des primates anthropoïdes ; (2) la dynamique fonctionnelle de la copulation hétérosexuelle est très probablement désorganisée ; (3) la dynamique comportementale qui émerge chez les hominidés ; à partir des facteurs encore existants de la copulation hétérosexuelle ; correspond vraisemblablement à une dynamique de recherche des récompenses érotiques, au moyen de la stimulation des zones érogènes ; et (4) chez l'être humain, en raison du développement majeur de la cognition, la sexualité est structurée par les représentations culturelles.

Wunsch S. Phylogenesis of mammal sexuality. Analysis of the evolution of proximal factors. Sexologies, 26(1), 2017 [PDF]
Keywords: Phylogenesis, Sexual behaviour, Copulation, Reinforcement, Pheromones, Sexual hormones, Humans.
The aim of this article is to make a precise identification of the factors involved in the evolution of human sexuality. The analyses presented concern mainly the evolution of proximal factors that govern prototypical heterosexual copulation in mammals. The data was collected from a review of the literature concerning the evolution of neurobiological factors of sexual behaviour in mammals. Several studies, in biology, genetics and neurosciences, have shown that some of these factors have changed over the course of evolution. In primates, the olfactory circuits are impaired, sexual activities are dissociated from hormone cycles (reproduction and sexual behavior have become independent one from the other), the lordotic mating reflex is no longer functional and the cortex is highly developed in human beings. For these reasons, the analysis of available data suggests that: (1) the dynamics of sexual behaviour has significantly evolved from the anthropoid primates; (2) the functional dynamic of heterosexual copulation is very probably disorganized; (3) the behavioural dynamics that emerge with the hominidae - from factors that still exist in heterosexual copulation - would seem to be based on a quest for erotic reward, by stimulation of the erogenous zones; and (4) in humans, due to the extensive cognitive development, sexuality is structured by cultural representations.

Développement sexuel

Wunsch S. Principaux facteurs, contextes et variations du développement sexuel humain. Une synthèse transculturelle et transdisciplinaire. 1er partie: données ethnologiques. Sexologies, 25(2):41-51, 2016
Keywords: Développement sexuel, Sexualité infantile, Enfant, Adolescent, Pilagá, Marquisien, Inis Beag, Humains.
L'objectif de cet article (en deux parties) est de présenter une modélisation du développement de la sexualité humaine, qui tienne compte à la fois de la biologie de la reproduction et de son évolution vers un comportement érotique, de l'importance des affects et de la cognition, ainsi que de la diversité culturelle. Cette modélisation est réalisée à partir d'une synthèse transdisciplinaire de données provenant des neurosciences, de l'éthologie, l'ethnologie, l'histoire, et la psychologie. Le développement sexuel est un sujet sensible, limitant de ce fait le nombre des études réalisées. En fonction des rares données descriptives disponibles, il semblerait que le comportement sexuel se développerait généralement dès les premières années de la vie. Il serait acquis par observation, imitation, jeux sexuels, et apprentissages des activités érotiques (tant autoérotiques qu'avec les pairs). Ce développement progressif centré sur les zones érogènes primaires, tendrait à devenir à l'âge adulte une caractéristique importante de la vie quotidienne. Mais les facteurs cognitifs et culturels peuvent être à l'origine d'une grande variabilité de ce développement. Les caractéristiques de la sexualité adulte peuvent ainsi être très diverses, à la fois au niveau des comportements et des attitudes, mais surtout au niveau des représentations cognitives et des pratiques sociales. Dans quelques cas, en raison de croyances culturelles particulières, les attitudes sociales peuvent limiter le développement de la sexualité à la reproduction, et/ou le retarder de plusieurs années, voire le supprimer (virginité, chasteté...). En conclusion, en fonction du contexte culturel, qui peut être répressif, permissif, restrictif ou éducatif, le développement sexuel, tant comportemental que relationnel et cognitif peut être précoce ou tardif, et peut présenter d'importantes variations quantitatives et qualitatives. Il peut devenir agressif, compulsif, avec des caractéristiques exhibitionnistes ou brutales, être associé à des troubles, ou au contraire être socialement adapté. Le développement sexuel qui apparaît comme le plus adapté, tant au niveau social que de la santé sexuelle, serait celui qui est observé dans les sociétés de type éducatives.

Wunsch S. Principaux facteurs, contextes et variations du développement sexuel humain. Une synthèse transculturelle et transdisciplinaire. 2e partie: modélisation. Sexologies, 25(4):141-152, 2016 [PDF]
Keywords: Développement sexuel, sexualité infantile, comportement érotique, érotisation, érogénéisation, Enfant, Adolescent, Humains.
L'objectif de cet article (en deux parties) est de présenter une modélisation du développement de la sexualité humaine, qui tienne compte à la fois de la biologie de la reproduction, de l'importance des affects et de la cognition, et de la diversité culturelle. Cette modélisation est réalisée à partir d'une synthèse transdisciplinaire de données provenant des neurosciences, de l'éthologie, l'ethnologie, l'histoire, et la psychologie. Au niveau biologique, le développement de la sexualité humaine se réaliserait à trois niveaux relativement indépendants : 1) le développement de la physiologie du système reproducteur (gamétogenèse, puberté, ménopause...), relativement indépendant des influences culturelles ; 2) le développement de l'érogénéisation du corps et des activités érotiques, dissocié des cycles hormonaux de la reproduction, mais fortement influencé par le contexte culturel ; et 3) le développement des représentations conceptuelles de la sexualité, non indispensables et parfois sans correspondance avec la réalité, mais qui peuvent exercer une influence majeure sur le développement sexuel. Spontanément, la sexualité se développerait dès les premières années de la vie, par observation, imitation, jeux sexuels, et apprentissages des activités tant autoérotiques qu'avec les pairs. Cette sexualité serait surtout centrée sur les zones érogènes primaires, et tendrait à devenir à l'âge adulte une caractéristique importante de la vie quotidienne. Mais les facteurs cognitifs et culturels seraient à l'origine d'une grande variabilité de ce développement, à la fois au niveau des comportements et des attitudes, mais surtout au niveau des représentations cognitives et des pratiques sociales.

Wunsch S. Le développement des activités auto-érotiques. Une analyse transdisciplinaire et transculturelle. Sexologies, 26(1), 2017 [PDF]
Keywords: Autoérotisme, Masturbation, Jeu génital, Orgasme, Sexualité infantile.
L'objectif de cet article est de préciser les facteurs et les caractéristiques du développement des activités autoérotiques, quel que soit le contexte culturel. Pour réaliser cette modélisation, les données neurobiologiques, ethologiques, ethnologiques et cliniques disponibles ont été comparées et synthétisées. On observe qu'apparemment le développement autoérotique dépend principalement des apprentissages provoquées par les stimulations des zones érogènes primaires. Mais ce développement est fortement influencé par les normes culturelles, qui peuvent être éducatives, permissives, restrictives ou répressives. En fonction du contexte culturel, le développement autoérotique peut débuter dès la première année après la naissance, ou être retardé, voire supprimé. En l'absence d'études détaillées tant en neurobiologie du développement que sur des échantillons représentatifs des différents contextes culturels, il est difficile de décrire précisément les phases et les époques du développement de l'autoérotisme. En simplifiant, le développement autoérotique le plus spontané correspondrait à celui décrit dans les contextes permissifs. On observe dans ces contextes que la plupart des garçons commencent à jouer avec leurs organes génitaux vers 6 ou 7 mois, les filles commencent à 10 ou 11 mois. En général, la masturbation - c'est-à-dire une activité intentionnelle et technique (en particulier des mouvements rythmiques...) de recherche du plaisir sexuel - n'est pas observée avant la deuxième ou la troisième année après la naissance. Le plus souvent elle commence à se développer entre le 15e et le 19e mois. Durant la masturbation, les signes de l'excitation incluent des poussées rythmiques du bassin, des sons, des rougeurs au visage et une respiration rapide. Les études déclaratives suggèrent l'existence de sensations érotiques et de type orgastique dès les premières années de la vie. Les activités autoérotiques coexistent avec les activités sexuelles avec des partenaires, mais ces dernières sont généralement préférées. Au fur et à mesure du développement et de l'accumulation des expériences autoérotiques et sexuelles, les activités autoérotiques deviennent plus cognitives et dépendent davantage de l'imagerie érotique. Elles peuvent également être associées à des émotions positives ou négatives, comme la culpabilité, ce qui peut induire des troubles. Fait notable en Occident, en raison des restrictions culturelles à la sexualité entre enfants, les activités autoérotiques apparaissent comme le principal moyen initial du développement sexuel.

Orientation sexuelle, Préférences sexuelles

Wunsch S. Orientation sexuelle ou préférences sexuelles ? Sexologies, 26(1), 2017 [PDF]
Keywords: Orientation sexuelle, Préférences sexuelles, Hétérosexualité, Homosexualité, Bisexualité, Humains.
L'objectif de cet article est d'identifier, chez les mammifères et l'être humain, les processus neurobiologiques de l'orientation sexuelle et de la formation des préférences sexuelles, puis d'évaluer leur importance respective. Les données ont été recueillies à partir d’une revue de la littérature qui concerne la neurobiologie de l'orientation et des préférences sexuelles. Chez les mammifères non-primates (rongeurs, canidés, félidés, bovidés, équidés...), il existe différents types de processus et de situations à l'origine de la formation de préférences pour certains partenaires. Il existe également des processus neurobiologiques qui sont spécifiquement organisés pour l'orientation hétérosexuelle, et qui seraient, principalement, les circuits olfactifs qui détectent et traitent les phéromones sexuelles. Mais chez les hominidés (orangs-outans, gorilles, chimpanzés, bonobos, humains), les gènes des récepteurs aux phéromones sont altérés, diminuant ainsi l'importance fonctionnelle de ces processus de l'orientation sexuelle. Par contre, les processus à l'origine des préférences sexuelles deviennent plus importants. Pour ces raisons, chez l'être humain, les processus olfactifs altérés et les phéromones sexuelles n'auraient plus qu'une influence secondaire, et seraient combinés avec plusieurs autres facteurs (gènes, hormones, conditionnements, préférences sexuelles, émotions, processus cognitifs, contexte culturel). L'importance relative de chacun de ces facteurs dépendrait à la fois de caractéristiques physiologiques individuelles, du vécu singulier et des caractéristiques du contexte socioculturel. Cette combinaison complexe de plusieurs facteurs en interactions (incluant l'activité résiduelle des processus olfactifs de l'orientation sexuelle), serait à l'origine du développement de préférences sexuelles, propres à chaque personne.

Cognition, Culture

Wunsch S. L'influence majeure de la cognition sur la sexualité. Sexologies, 26(1), 2017 [PDF]
Keywords: Sexualité, Cognition, Apprentissage sexuel, Neurosciences, Influence descendante (top-down processing).
Les recherches en neurosciences, dans le domaine de la sexualité (au sens large), étudient principalement des thèmes cliniques ou les processus neurobiologiques de la reproduction. Même en neurosciences cognitives, le rôle et l'importance de la cognition sur la sexualité est un thème généralement peu étudié. L'objectif de cet article est d'évaluer l'influence des processus cognitifs sur la sexualité, et en particulier sur l'activité des circuits cérébraux du comportement sexuel. Les données ont été recueillies à partir d’une revue de la littérature concernant les effets des processus cognitifs sur les structures neurobiologiques qui contrôlent le comportement sexuel. On observe que les processus cognitifs influencent la sexualité, de manière directe et indirecte, à deux niveaux distincts : cérébral et culturel. D'une part, les processus cognitifs participent à la création de techniques et à l'élaboration de symboles, de normes et de valeurs, qui sont à l'origine d'organisations sociales et culturelles particulières ; puis ces contextes socioculturels peuvent ensuite rétroagir sur les représentations cognitives, mais surtout influencer et structurer la sexualité (conceptualisation de 2 ou 3, voire 5 genres ; absence ou existence du baiser ; création de contraception et de procréation artificielle, qui dissocient reproduction et comportements hédoniques…). D'autre part, les représentations cognitives peuvent directement modifier l'activité des circuits sexuels : perceptions sensorielles, excitation sexuelle, système de récompense... ce qui influence les apprentissages et les comportements sexuels. En conclusion, les effets - indirects (via la culture) et directs - de la cognition sur la sexualité humaine apparaissent comme majeurs et structurants. Pour cette raison, il serait souhaitable de développer ce thème de recherche, afin de mieux évaluer et comprendre tant le rôle que l'importance des différents processus cognitifs sur les apprentissages sexuels et la sexualité.

Etiologie des troubles sexuels

Wunsch S. Etiologie des troubles sexuels : perspectives cliniques des données neurobiologiques. Sexologies, 26(1), 2017 [PDF]
Keywords: Troubles sexuels, Étiologie, Santé sexuelle, Neurosciences, Psychologie biologique.
Il existe actuellement plusieurs centaines de théories expliquant le fonctionnement psychique, normal ou pathologique. Quelles sont leurs fondements, leur validité et leur efficacité ? Des exemples historiques montrent l'importance d'élaborer des théories scientifiques, qui sont transdisciplinaires et transculturelles, pour éviter des pratiques tant sociales que médicales dysfonctionnelles ou ethnocentrées. Par exemple, au XIXe siècle, la théorie de l'instinct sexuel humain a induit la croyance que toute activité sexuelle qui ne permettait pas la reproduction était une pathologie, entraînant entre autres la répression de l'homosexualité et de la masturbation. L'objectif de cet article est de décrire les grandes lignes d'un modèle de référence global, fondé sur les neurosciences et la psychologie biologique (psychobiologie). L'objectif est de décrire les causes et les dynamiques des troubles de la sexualité à partir des interactions entre les facteurs biologiques et culturels. Ce modèle est élaboré à partir des connaissances structurelles et fonctionnelles des circuits neurobiologiques et des facteurs physiologiques de la reproduction, ainsi que des différents circuits et facteurs qui agissent sur ces circuits sexuels. L'influence des évènements internes, externes ou des facteurs culturels est analysée en fonction de leurs effets, tant normaux que pathologiques, sur ces différents circuits et facteurs de la reproduction. La modélisation proposée permettrait de préciser des grands types de causes aux troubles de la sexualité, en fonction de facteurs clés : les structures biologiques de la reproduction, le développement de ces structures, les activités sexuelles, l'activité des structures cérébrales non sexuelles et l'influence socioculturelle. Ce modèle, encore au stade expérimental, peut être utilisé pour évaluer les situations cliniques et concevoir des actions thérapeutiques ou rééducatives. Cette méthode psychobiologique serait particulièrement heuristique pour comprendre la dynamique des troubles complexes, dont l'origine provient d'interactions entre des facteurs individuels, sociaux et culturels. En conclusion, les connaissances neuroscientifiques permettraient actuellement de proposer un modèle psychobiologique de l'étiologie et de la dynamique des troubles de la sexualité. Ce modèle pourrait être développé pour être testé en situations cliniques, afin d'évaluer sa pertinence.

Education à la sexualité

Wunsch S. L'éducation à la sexualité : perspectives des données neurobiologiques. Sexologies, 26(1), 2017
Keywords: Éducation à la sexualité, Apprentissages sexuels, Société éducative, Socialisation, Neurosciences, Éthique.
L'éducation à la sexualité est un sujet généralement peu abordé dans les institutions et les établissements scolaires. Quand elle est abordée, elle concerne surtout la prévention des risques (IST, grossesses non désirées, abus sexuels...). Mais cet apport d'informations limitées est-il suffisant ? Quel devrait être le contenu de cette éducation ? L'objectif de cet article est de présenter les implications éducatives probables des dernières connaissances en neurosciences de la sexualité. Pour réaliser ce bilan, les compétences nécessaires pour vivre la sexualité, tant au niveau individuel que social, ont été évaluées et comparées avec les capacités et compétences qui préexistent dans l'organisme. Chez les mammifères, les études récentes ont montré que le but du comportement de reproduction, grâce à des structures élémentaires préorganisées, est la copulation hétérosexuelle. Mais chez l'être humain, la majorité de ces facteurs sont altérés ou modifiés (altération des circuits olfactifs qui détectent les phéromones, lordose non fonctionnelle, dissociation des activités sexuelles des cycles hormonaux...). Pour ces raisons, il apparaît que l'essentiel de la sexualité humaine est acquis : les associations avec des émotions et des affects positifs et/ou aversifs ; et tous les apprentissages des différentes activités érotiques, des automatismes moteurs, de la socialisation sexuelle, de toutes les connaissances concernant la sexualité, ainsi que l'assimilation des normes et des valeurs sexuelles. De plus, les données cliniques suggèrent que les défauts ou les problèmes d'apprentissages, en particulier dans le cas d'association avec des émotions aversives (dégoût, peur, honte...), seraient la cause d'une partie significative des troubles de la sexualité. Dans les sociétés sexuellement éducatives, il existe différentes pratiques socioculturelles qui permettent d'acquérir au cours du développement les différentes connaissances et compétences nécessaire à la vie sexuelle adulte. Il faudrait évaluer, de manière transdisciplinaire et transculturelle, les différentes pratiques éducatives afin de fonder l'éducation à la sexualité sur les données les plus objectives possible. En conclusion, l'éducation à la sexualité – scientifique, globale et intégrée de manière cohérente aux autres apprentissages – apparaît, tant sur les aspects comportementaux, affectifs que cognitifs, indispensable à la santé sexuelle et à une vie sexuelle et sociale adaptée, consciente et responsable.



Documents complémentaires

Un article (en deux versions : français et anglais) qui compare de manière systématique les différences entre le "comportement de reproduction" des mammifères non-primates, et le "comportement érotique" des hominidés.

"Comportement érotique" versus "Comportement de reproduction" (Wunsch 2010)
Télécharger Actualisé le25-09-2010. Taille : 0,7 Mo.

"Erotic behavior" versus "Reproductive behavior" (Wunsch 2010)
Download Updated25-09-2010. Size : 0,7 Mo.


Un article (en deux versions : français et anglais) expliquant l'évolution du comportement sexuel, des rongeurs vers l'être humain.

Evolution du comportement sexuel (Wunsch 2013)
Télécharger Actualisé le15-02-2013. Taille : 0,7 Mo.
Résumé : Quelle est la dynamique neurobiologique de la sexualité des mammifères et des humains ? Chez les rongeurs, principalement les hormones et les phéromones, et secondairement les réflexes sexuels et les processus de renforcement, seraient les principaux facteurs innés à l'origine d'un véritable comportement de reproduction hétérosexuel, dont le but est la réalisation à la saison propice de la copulation permettant la fécondation. Il semble qu'au cours de l'évolution, en raisons des modifications du cerveau des rongeurs à celui de l'Homme, les facteurs hormonaux et phéromonaux seraient devenus secondaires (car dissociation du comportement sexuel des cycles hormonaux et des informations phéromonales), tandis que les facteurs cognitifs et le système de récompense (ou processus de renforcement) seraient devenus prépondérants. Pour ces raisons, chez l'Homme, le comportement qui permet la reproduction ne serait plus un "comportement de reproduction" inné, mais un "comportement érotique" acquis, composé de séquences comportementales de stimulation par un partenaire des zones corporelles les plus érogènes. Mots clés : Comportement de reproduction, comportement sexuel, comportement érotique, bisexualité, hétérosexualité, renforcement, récompense, zones érogènes, sexualité, Homme.

Evolution of sexual behavior (Wunsch 2013)
Download Updated15-02-2013. Size : 0,6 Mo.
Abstract : What is the neurobiological dynamics of mammal and human sexuality ? In rodents, mainly sexual hormones and pheromones, and secondarily sexual reflexes and reinforcement processes, would be the main innate factors at the origin of a genuine heterosexual reproductive behavior, the purpose of which is, at the favorable season, to achieve copulation permitting fecundation. It would seem that during evolution, owing to the modifications of the brain of rodents into that of Man’s, the hormonal and pheromonal factors have become secondary (because human sexual behavior is dissociated from hormonal cycles and pheromonal informations), whereas the cognitive factors and the reinforcement processes (or reward systems) have become predominant. For these reasons, in Man, the behavior that leads to reproduction may be conceived not as an innate "reproductive behavior", but as an acquired "erotic behavior" involving behavioral sequences of stimulation of the most erogenous body zones by a partner. Keywords : Reproductive behavior, sexual behavior, bisexuality, heterosexuality, reinforcement, reward, erogenous zones, sexuality, Human.


Un article (en français) présentant les apports des neurosciences dans l'analyse des troubles sexuels.

L'importance des croyances dans la genese des troubles sexuels (Wunsch 2012)
Télécharger Actualisé le 15-06-2012. Taille : 0,2 Mo.


Une étude de la sexualité humaine, des rongeurs jusqu'aux humains, en fonction de l'organisation neurobiologique du système nerveux, des comportements sexuels des mammifères, et de l'étude anthropologique des pratiques culturelles de la sexualité.

Wunsch S. Comprendre les origines de la sexualité humaine. L'Esprit du Temps, 2014 [PDF]


Présentation résumée : Programme lycée SVT - Vivre sa sexualité

La synthèse des connaissances actuelles est présentée de manière résumée dans un document destiné principalement aux enseignants de SVT.

Vivre sa sexualité - Cours SVT première S ES L
Télécharger Actualisé le10-04-2012. Taille : 2,4 Mo.

Vivre sa sexualité - Activités pour les élèves
Télécharger Actualisé le10-04-2012. Taille : 2,4 Mo.

NB: Documents PDF optimisés de la version Internet du CNDP.


Présentation résumée des données récentes

Les données scientifiques récentes sont présentées de manière résumée dans plusieurs animations PowerPoint. (N'oubliez pas de télécharger le texte de présentation qui les accompagne.)

Texte des PowerPoints : comportement sexuel (reproduction et érotique) des mammifères (rongeurs, primates et humains)
Actualisé le2-04-2014. Taille : 0,7 Mo.

PowerPoint du comportement de reproduction des mammifères non-primates
Actualisé le2-04-2014. Taille : 3,8 Mo.

PowerPoint de l'évolution du comportement sexuel des mammifères
Actualisé le2-04-2014. Taille : 5,6 Mo.

PowerPoint des sexes naturels et des genres culturels
Actualisé le2-04-2014. Taille : 2,8 Mo.

PowerPoint du développement de la motivation sexuelle
Actualisé le2-04-2014. Taille : 4,7 Mo.

Un résumé sous forme d'un poster grand format (congrès Nantes 2012)
Télécharger Actualisé le20-03-2017. Taille : 1,2 Mo.

Ces documents résumés permet de présenter rapidement les principales caractéristiques des données récentes (facteurs innés, importance des apprentissages, influence du contexte culturel ...), ainsi que les principales implications cliniques et éducatives.



Etudes inter-culturelles

Données anthropologiques complémentaires : Analyses et comparaisons entre différentes sociétés humaines.
Un modèle de la sexualité humaine ne serait pertinent que s'il permet d'expliquer l'essentiel de la diversité observée.

Stephens W.N. A cross-cultural study of modesty. Cross-Cultural Research, 7(1):1-28, 1972 [PDF]

Frayser S.G. Defining normal childhood sexuality : an anthropological approach. Annual Review of Sex Research, 5:173-217, 1994 [PDF]

Werner D. Human sexuality around the world. Unpublished manuscript, University of Santa Caterina, Florianopolis, Brazil, 1986 [PDF]

Opler M.K. Cross-cultural aspects of kissing. Medical Aspects of Human Sexuality, Feb. 1969; 3(2): 11, 14, 17, 20-21 [PDF]

Wood W., Eagly A.H. A cross-cultural analysis of the behavior of women and men: implications for the origins of sex differences. Psychological Bulletin, 128(5):699-727, 2002 [PDF]



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Toutes les présentations sont au format PowerPoint 2000.

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IMAGES

Image 1 :
Masturbation
Image 2 :
Baiser entre deux mâles juvéniles
Image 3 :
Activités homosexuelles entre deux femelles

Comment expliquer toutes ces activités sexuelles sans aucun rapport avec la reproduction ?!?



























Image 4 :
Cerveau de rongeur
Image 5 :
Cerveau humain

Les importantes modifications du cerveau entraînent des modifications importantes des comportements














Image 6 :
Le baiser - Rodin

L'influence de la culture est majeure.
Le baiser n'existe pas dans plusieurs sociétés.







COPYLEFT 2009 Wunsch Docteur en Neurosciences ContactContact